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Le conflit pour Emparis

📌 Informations
📅 Période

en 1366

📍 Lieu

Le Plateau d'Emparis

🧑 Auteur

admin

🔗 Source

Paul-Louis Rousset, Au Pays de la Meije

📝 Description

Le plateau d’Emparis est au cœur d’un procès qui dure depuis 1366. Un affrontement tenace oppose La Grave, Besse et Mizoën pour des gazons réputés parmi les meilleurs des Alpes, indispensables à la survie des communautés montagnardes. En 1366, la communauté de La Grave revendique des droits qu’elle dit immémoriaux sur ces alpages, au point que ses voisins la jugent arrogante et dominatrice. Cette attitude attise les tensions avec Besse et Mizoën, qui défendent leurs besoins vitaux : sans pâturage, pas de bétail ; sans bétail, pas de vie possible en montagne. Au début du XVIᵉ siècle, Mizoën se retrouve directement prise dans le conflit. Ses bergers mènent leurs bêtes à Rif-Tord, où le champier de La Grave surprend six cents moutons misonnais. Le verdict tombe : Mizoën est condamnée à une indemnité et privée d’accès aux pâturages sans autorisation. À ce moment-là, les pouvoirs delphinaux soutiennent clairement La Grave, sans doute sensibles à sa prospérité. Les querelles se poursuivent. Besse entre à son tour en lutte ouverte avec La Grave, rappelant qu’elle paie de lourdes redevances au Dauphin pour ses prairies et que ses granges parsèment ces montagnes, contrairement à La Grave. Les procès se succèdent, interminables et violents. Lassé, le juge renvoie les parties dos à dos : en 1489, il affirme l’autorité exclusive du Dauphin sur Rif-Tord et interdit tout usage sans son accord. Au XVIᵉ siècle, nouveau rebondissement : les pâturages sont affermés à des particuliers de Besse et de Mizoën. En 1535, Jacques Vieux de Mizoën devient fermier de la montagne pour deux ans. La Grave tente de reprendre la main par un bail perpétuel, mais Mizoën obtient gain de cause devant le Parlement jusqu’à la fin du bail. En 1548, après consultations et enchères passionnées, Mizoën obtient l’albergement moyennant une lourde redevance. Il est alors reconnu que, sans ces alpages, les habitants seraient contraints d’abandonner le pays. En 1555, un édit royal autorise la vente de terres domaniales. La tradition affirme que Mizoën aurait acheté une partie de la montagne, mais l’acte a disparu. L’histoire glisse alors parfois vers la légende : disparition d’un maire de Besse, bornes déplacées et pierres cachées, récits transmis par les communautés rivales. Rien ne s’apaise par la suite. Aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, les procès se poursuivent, chaque communauté l’emportant tour à tour. Au XIXᵉ siècle encore, entre 1816 et 1851, les conflits renaissent. Ainsi s’étire, sur plus de cinq siècles, une lutte acharnée pour des pâturages qui étaient bien plus qu’un bien : la condition même de la vie à Mizoën et dans toute la haute vallée.

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