Saint Géraud

Saint Géraud d’Aurillac (v. 855–909) incarne l’idéal du grand seigneur chrétien du haut Moyen Âge. Fils du seigneur d’Aurillac et d’Adeltrude, elle-même canonisée, il fonde l’abbaye d’Aurillac, qui servira plus tard de modèle à celle de Cluny. Sa vie, racontée par Odon de Cluny, en fait un exemple de chevalier pieux et juste, mettant sa puissance et ses richesses au service des plus humbles. Pèlerin régulier, notamment sur la route de Rome, il parcourt de vastes territoires à une époque où les voyages sont longs et périlleux. Ses biographies rapportent qu’il traversa l’Oisans, en passant par Mulsedonum, généralement identifié à Mizoën. Comme tout voyageur de marque, il eut recours à des « marrons », guides montagnards indispensables pour franchir ces passages difficiles. Des hommes de Mizoën l’ont très probablement accompagné à travers la combe de Malaval ou sur le plateau d’Emparis. La tradition rapporte qu’il aurait accompli plusieurs miracles sur ces chemins et qu’il se montrait particulièrement généreux envers ses guides. Les textes évoquent aussi les ravages causés par les Sarrasins dans les environs, soulignant l’insécurité de la région à cette époque. À travers le passage de saint Géraud, Mizoën apparaît déjà comme un point de passage ancien et structurant des routes alpines, mêlant pèlerinage, dangers et hospitalité montagnarde.