📝 Description
À l’été et à l’automne 1685, Mizoën traverse une période de bouleversements profonds liés à la révocation de l’édit de Nantes et à la politique de répression du protestantisme menée par le pouvoir royal. Rien n’arrive brutalement : depuis plusieurs années déjà, les signes avant-coureurs s’accumulent. Dès 1682, des temples voisins sont détruits, notamment aux Terrasses et au Chazelet, tandis que celui de Mizoën est maintenu par dérogation, preuve à la fois de sa fragilité et de son importance locale. Les protestants, alors qualifiés de « prétendus réformés », sont progressivement exclus de la vie publique : ils ne peuvent plus exercer les charges de mestral, champier, secrétaire ou consul, et une ordonnance impose même, en juin 1685, de brûler leurs livres religieux. La révocation officielle du 18 octobre 1685 n’est pourtant pas ressentie immédiatement comme une catastrophe ; ce qui marque réellement les esprits, c’est la peur suscitée par l’arrivée des dragons. Ces troupes, commandées par M. de La Trousse, entrent en Oisans dès le mois d’août : à Vizille le 10, à La Grave le 6 septembre, à Mens le 9. Leur présence signifie logement forcé, pression quotidienne et menace permanente. À Mizoën, le consul Mathieu Girardet doit demander l’autorisation d’établir une imposition spéciale pour financer leur hébergement, et la communauté se voit contrainte de répartir près de 477 livres de charges supplémentaires. Dans ce contexte pesant, beaucoup d’habitants choisissent l’exil, notamment vers la Suisse et les pays allemands. Pour un village de montagne comme Mizoën, déjà pauvre et isolé, ces départs et ces contraintes financières laissent une trace durable : celle d’une communauté éprouvée, confrontée de plein fouet aux décisions du pouvoir royal et à leurs conséquences très concrètes sur la vie quotidienne.