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Antoine Roux

📖 Biographie

Entre 1669 et 1687, Antoine Roux apparaît comme l’un des hommes-clés de Mizoën, non pas par le panache, mais par l’épaisseur discrète du quotidien administratif : celui qui tient la plume quand tout vacille. Le 8 février 1669, il se présente comme « notaire royal héréditaire de Mizoën », officier « réservé » du mandement d’Oisans, et son écriture traverse les dossiers essentiels pour comprendre comment une petite communauté de montagne se gouverne, se défend, s’endette et survit. Son origine reste floue — des Roux sont attestés à Besse et à Mont-de-Lans, et un secteur du cadastre porte un nom qui renvoie à cette famille — si bien qu’à Mizoën il est à la fois « voisin » et un peu « étranger », assez proche pour connaître le terrain, assez distant pour arbitrer. Marié à Judith Baccuet (probablement liée au pasteur Paul Baccuet, en charge à Besse en 1626), il connaît aussi les coups personnels : leur fils Jean-Louis meurt en 1671 à quatorze ans. Roux plonge immédiatement dans les affaires lourdes : clôture de comptes anciens, conflit du four banal, héritages étouffés par le poids des tailles. Il rédige notamment la réponse à l’intendant Dugué, tableau précis des ravinements, des fonds abandonnés, des dettes et des placements, mais aussi de la constitution d’un capital destiné aux pauvres — car, à Mizoën, la survie passe par une solidarité comptée au sol près. Son rôle culmine dans l’affaire de l’alpage de Rif Tort, vital pour le village et contesté par La Grave : entre 1671 et 1674, il suit la procédure, se rend à Grenoble, coordonne avocats et huissiers, organise une cotisation pour financer les dépenses, et obtient le 20 mai 1674 une transaction reconnaissant provisoirement la propriété de Mizoën ; ce succès contribue à son élection comme consul en 1674. Comme consul, il impose discipline et amendes redistribuées aux pauvres, et il laisse surtout une trace majeure : un document de trente-cinq pages sur les fonds des pauvres (1669-1684), clos le 9 janvier 1685. Puis vient la Révocation : Roux reçoit les actes d’abjuration des 2 octobre 1685 et jours suivants, figure lui-même parmi les nouveaux convertis, et constate presque aussitôt l’exode et le dépeuplement. Le 26 août 1686, un mémoire demande un soulagement fiscal et détaille, avec une lucidité sans emphase, ravines, gel, dragons, chemins à entretenir et insolvabilité. Quand le système des pauvres s’effondre, il conseille de « laisser couler la rivière » : non par indifférence, mais par réalisme tragique. Sa dernière pièce connue date du 21 avril 1687, puis l’écriture « pâlit » : une sortie de scène à l’image de sa “résistance de velours”, faite de comptes tenus et d’obstination administrative, dans un village que les événements sont en train de vider.
📌 Informations
🎂 Naissance

Inconnue

🪦 Décès

Inconnue

🧑 Auteur

admin

🔗 Source

Roger Canac, Histoire buissonière des Protestants de Mizoën et du Haut-Oisans

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