📖 Biographie
Naissance / décès : inconnus — actif à Mizoën surtout entre 1669 et 1671 ; départ en exil après l’interdiction du culte (date non précisée)
Dans la seconde moitié du XVIIᵉ siècle, Jean Bonnet est le pasteur protestant le plus nettement identifiable à Mizoën : non pas une grande figure d’Europe, mais un homme au cœur d’un village dont la foi structure l’entraide et l’organisation. Marié à Isabeau Vieux, il apparaît régulièrement dans les registres réformés : il baptise plusieurs enfants entre 1669 et 1671, bénit des mariages, et incarne ce ministère du quotidien qui, dans une vallée isolée, compte autant que les grands débats théologiques. Le fonctionnement local montre aussi ce que signifie “tenir un pasteur” quand on est pauvre : la communauté s’est organisée pour que le ministre se consacre au spirituel, pendant que les anciens du consistoire, les consuls et les procureurs des pauvres gèrent l’intendance. Lors de la visite de 1672, on compte 127 “cottisés” pour assurer son entretien : un revenu annuel de 327 livres, dont une part est explicitement réservée au pain des pauvres, et, dès 1660, une maison a été achetée pour loger le ministre. Jean Bonnet participe malgré tout à l’examen des comptes des « Pauvres de la R.P.R. », qui atteignent 2 786 livres en 1684 : signe que, même à Mizoën, la vie religieuse est inséparable d’une économie de survie et de solidarité. Après l’interdiction du culte réformé et le bannissement des ministres, il quitte le royaume avec sa famille, tous nés à Mizoën : un arrachement total, où l’on perd non seulement un métier mais un pays. Son itinéraire ensuite reste incertain, mais des membres de la famille Bonnet sont signalés dans les espaces de refuge protestants (Genève, Berne, et d’autres lieux suisses), parfois bénéficiaires de subsides distribués au nom de l’Électeur de Brandebourg : trace possible d’une insertion dans les réseaux de l’exil huguenot, comme tant de familles de Mizoën entraînées hors de la vallée.