📝 Description
Une nuit d’été 1686, sous la pluie et la neige encore présente en altitude, les habitants de Mizoën quittent leur village en silence. Jean Giraud raconte ce départ nocturne comme un arrachement : on part sans bruit, avec pour seuls bagages quelques hardes, quelques souvenirs et la Bible. Le 29 juillet 1686, la communauté presque au complet s’engage sur les chemins de montagne. À l’aube, au col, il pleut, il neige, la glace rend la marche périlleuse. Derrière eux, les maisons et les champs ; devant, l’exil, souvent vers la Suisse ou les pays allemands.
Historiquement, cet exil s’inscrit dans la vague de départs provoquée par la révocation de l’édit de Nantes. Entre l’automne 1685 et l’été 1686, la majorité des habitants classés comme protestants ou « nouveaux convertis » quittent clandestinement le village. Les conséquences sont immédiates : Mizoën passe de 122 familles en 1684 à 67 en 1686, puis à une cinquantaine de foyers imposables en 1687, et à seulement 25 ou 26 habitants en 1692. La moitié des terres devient inculte, le village se vide, et la communauté est durablement ébranlée.