📖 Biographie
Naissance / décès : inconnus — actif à Mizoën au moins de 1669 à 1684 ; départ en exil après 1685 (date non précisée)
À côté des pasteurs et des notaires, Nago Vieux donne à voir Mizoën “par en bas”, du point de vue de ceux qu'on appelle alors les « gens de peu ». Artisan sans terre — charpentier-maçon, homme à tout faire — né au Chambon (communauté de Mont-de-Lans), il s’implante à Mizoën par son mariage : le 31 mars 1669, il épouse Jeanne Girard, fille de Laurent Girard, maréchal-ferrant. Autour de lui, les parrains et les prénoms bibliques (comme Abraham, son fils aîné) dessinent un réseau de solidarité où la religion se lit jusque dans l’état civil. Sa mère, surnommée « la Marie du Nago », vit dans la misère et reçoit l’aide du pain des pauvres via le procureur Simon Horard ; les chiffres parlent : un sestier de seigle donnant 613 livres de pain, quand le salaire journalier de Nago est de 20 sols — une économie de l’extrême, où chaque journée de travail compte. On le retrouve partout dans les comptes communaux : adjudication du chantier du four banal en août 1669, planchers, menus travaux à la maison de la communauté et à l’église, entretien des ponts, fabrication de mobilier, aménagement de “bachals” — cette infrastructure humble, mais vitale, d’un village d’altitude. En 1684, il accepte même de servir de guide dans la Combe de Malleval, passage dangereux exposé aux avalanches : preuve que, pour gagner sa vie à Mizoën, il faut parfois risquer son corps. Il n’apparaît pas dans la liste des nouveaux convertis présentée en 1686, contrairement à certains collègues artisans, mais il prend malgré tout le chemin de l’exode avec sa femme et leurs quatre enfants, abandonnant presque tout, sauf une très petite parcelle. Son histoire est celle d’une disparition silencieuse : celle d’un travailleur qui a bâti, réparé, entretenu — puis s’efface dans l’exil clandestin, emporté par le basculement religieux et social qui vide la commune.